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LE TERRORISME, INFRACTION ABSOLUE

Après les événements sanglants de la semaine dernière, la Nouvelle A.P.M. tient d’abord à exprimer son entière solidarité avec toutes les victimes, comme son admiration pour le courage et l’efficacité des forces de l’ordre.

Elle rappelle que, depuis sa création, elle n’a cessé de soutenir que la lutte contre le terrorisme, « infraction absolue », devait être une priorité nationale : pour qu’il y ait un Etat de droit, il faut d’abord qu’il y ait un Etat, et, un Etat suffisamment fort pour faire face à ceux qui ont juré sa perte ou, au, moins son humiliation et son abaissement.

La défense de l’Etat commence par la volonté de se défendre : les responsables des affaires publiques doivent en tout temps et tout lieu être au plus haut point animés de la conscience que toute altération de l’autorité de l’Etat, tout affaiblissement des garanties de la sécurité publique, est un signal négatif envoyé aux adversaires de notre société et de nos valeurs, une manifestation de faiblesse ruineuse pour le crédit de nos lois.

Or, à travers, spécialement, la politique et le discours de l’actuelle garde des sceaux –dont, en ces temps, la présence au gouvernement fait plus que jamais figure d’anomalie et d’incongruité-, comme des idées professées par les milieux d’opinion qui l’inspirent et la soutiennent, la majorité en place n’avait cessé d’envoyer de tels signaux négatifs ; ce qui, au-delà des postures –faciles- de circonstance, jette le doute sur sa détermination et sa capacité à être, dans la suite, à la hauteur des défis que cette agression contre notre peuple lui lance : c’est une question de crédibilité.

On ne se lassera jamais de répéter qu’un pays en butte à des attaques terroristes doit se considérer comme un pays en guerre, et qu’une guerre ne se gagne qu’avec les moyens de la guerre. C’est ce qu’avec lucidité, les Etats-Unis avaient bien compris après les attentats du 11 septembre 2001.

En particulier, face à une menace d’autant plus dangereuse qu’elle est anonyme et tapie dans le tréfonds du milieu ambiant, pouvant surgir n’importe où et n’importe quand, il faut se donner tous les moyens, juridiques et pratiques, du renseignement, du contrôle et de la riposte.

Et, d’abord, passée la réaction spontanée des émotions –en l’occurrence, d’une exceptionnelle ampleur, qui ne laisse place à aucune équivoque quant aux attentes des Français à cet égard-, s’interroger sans complaisance ni faux-fuyant, sur les défaillances qui ont permis, d’une part, à un organe de presse et des journalistes que l’on savait très exposés à un attentat, de survenir malgré les précautions prises, et, d’autre part, à des individus repérés pour leurs antécédents, d’avoir pu préparer leurs forfaits. Il ne s’agit pas là de chercher querelle à tel ou tel service, mais, d’identifier les éventuelles failles organiques auxquelles il faut impérativement aujourd’hui remédier pour se donner plus de chance d’éviter le renouvellement de tels agissements. Sans préjudice –mais, elles sont d’un autre ordre et doivent se mettre en jeu dans le cadre adéquat-, des responsabilités politiques supérieures qu’elles pourraient impliquer : les citoyens ont droit à la vérité.

Il faudra ensuite savoir se donner les outils légaux d’un combat sans merci, quitte, s’il le faut, à s’affranchir des frilosités et pusilanimités qui, trop souvent, de nos jours, paralysent le législateur –tels des groupes de pression, intellectuels et professionnels, peu sensibilisés à la cause du salut public, quand ils n’ont pas, avec ceux qui la combattent, quelque intime parenté morale ou intellectuelle, ou, la juridiction européenne, dont on anticipe abusivement la censure, ou encore, les piteux sophismes qui sont les éternels cache-misère de la démission (comme « ne pas faire le jeu des terroristes avec des lois d’exception…», « ne pas tirer de conclusions hâtives » etc.).

A cet égard, même si des dispositions spéciales ont pu, ponctuellement, être adoptées pour faciliter la répression des menées de caractère terroriste, c’est l’ensemble de la procédure pénale et du droit pénal qui est hypothéqué par des réformes successives qui n’ont fait qu’entraver chaque fois un peu plus l’action des enquêteurs, et, multiplier les échappatoires à la sanction. Il convient, notamment, de s’interroger sans tabou ni angélisme sur :

- L’accès sans restriction pour les services spécialisés à toute information utile (interconnexion possible de tout fichier, public ou privé).

- Le contrôle de l’internet (interdire l’accès en France à des sites subversifs).

- L’entrée ou la présence en France d’éléments dangereux (agents de propagande et de prosélytisme, relais d’organisations activistes etc.).

- La maîtrise de la communication de crise (des imprudences, dans les médias et réseaux sociaux peuvent avoir des conséquences dramatiques).

- L’encadrement des flux de populations (repérage et démantèlement des filières suspectes).

- Les droits accordés aux enquêteurs (perquisitions, gardes à vue etc.).

- Le contrôle du parcours pénitentiaire (mise à l’isolement, restrictions des communications, détection des potentiels de nocivité etc.), et, les conditions d’application des peines (octroi des mesures de faveur, contraintes après la libération etc.) pour les détenus concernés.

En ces années où nous célébrons le sacrifice de ceux qui ont combattu pour la France et la liberté de 1914 à 1918, leur exemple devrait savoir nous inspirer la volonté de mettre en œuvre, sans inhibition et sans délai, toutes les mesures qu’impose la circonstance.