Suite à l’annonce de la composition du nouveau Gouvernement, l’Association Professionnelle des Magistrats (APM) se réjouit du départ de Me Dupond-Moretti, dont la présence au ministère de la Justice aura, de bout en bout, constitué une insupportable provocation et une véritable incongruité, significative de l’autisme du Président de la République et de ses Premiers ministres successifs face au monde judiciaire et aux attentes des Français en matière de sécurité publique. Le désormais ex-garde des sceaux est ainsi remercié au moment où ses rodomontades sur le mirifique programme qu’il se vantait d’avoir obtenu commencent à se heurter au mur de la situation financière catastrophique de notre pays, faisant craindre son démantèlement subreptice et progressif…
L’ APM souhaite bonne chance à son successeur mais ne peut taire son scepticisme : eu égard à son parcours et aux choix idéologiques que ce dernier traduisait, tout porte à craindre que la « rupture » annoncée par M. Barnier, s’arrêtera aux portes de la Chancellerie pour ce qui est de la politique pénale. Quant à la cohésion de la chaîne pénale et à si nécessaire unité de vue entre le ministère de la Justice et celui de l’Intérieur, on ne peut que s’interroger devant l’ « attelage » passablement baroque que peuvent former leurs nouveaux responsables -et redouter, de ce fait, que le dramatique fossé qui s’est creusé entre gens de justice et forces de l’ordre ne soit pas près de se combler…
En tout cas, le monde judiciaire ne sera pas dupe du rang protocolaire très éminent attribué au nouveau titulaire du poste : ce genre de « médailles en chocolat », s’il peut flatter la vanité des nigauds, n’a jamais impliqué un surcroît effectif d’autorité pas plus que de moyens d’action… : il en faudra bien plus -et surtout, du très concret !-, pour susciter la confiance.