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DE LEONARDA A SAUVAGE ?...

On ne peut qu’exprimer sa consternation devant la campagne d’opinion qui cherche à obtenir une grâce présidentielle en faveur de Mme Sauvage, condamnée pour le meurtre de son époux, et, on a toutes raisons de redouter que M. Hollande, une fois de plus, comme s’il n’avait rien retenu de la pitoyable « affaire Léonarda » -où on l’avait vu avilir sa fonction, et ridiculiser sa personne en s’abaissant (qui plus est, dans des conditions de dramatisation aussi incongrues, réservées habituellement aux événements majeurs de la vie nationale…), au niveau d’une petite pécore, fille de tricheurs qui avaient abusé de l’hospitalité française-, ne plie devant cet emballement médiatique, qui mêle démagogie compassionnelle, idéologie féministe dévoyée et grégarisme lacrymal irréfléchi.

 

Il faut rappeler que l’intéressée a été, par deux fois, et en pleine connaissance de cause de tous les éléments de son dossier, condamnée par une majorité obligée de jurés populaires, qui ne se sont pas laissé abuser par une présentation biaisée des faits –et, en particulier, ont refusé le bénéfice d’une légitime défense qui était insoutenable en l’occurrence. Pour autant, ils ont tenu compte, dans leur décision, du contexte particulier du crime, puisque la peine prononcée, à chaque fois, est très inférieure à celle encourue (qui était de 30 ans en ne retenant pas la préméditation).

Dès lors, une grâce aussi rapide –ne serait-elle même que partielle, pour ramener la condamnée dans les délais d’une libération conditionnelle, demi-mesure de fuite devant la responsabilité aux allures de « motion de synthèse » de bureau politique-, serait un véritable bras d’honneur à ces mêmes jurés, qui ont statué au nom du peuple français qui, de par la loi, leur en avait confié la charge ; alors que le Président de la République est, aux termes de la Constitution, le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire, ce serait, de sa part, bafouer cette même indépendance, et, pour le nouveau garde des sceaux, ce serait, en contresignant cette décision avec le Premier ministre, bien mal inaugurer ses fonctions par un geste de mépris à l’égard de ceux qui rendent la justice ; dans tous les cas, ce serait une grave manifestation de faiblesse de la part des pouvoirs publics que de céder ainsi à une telle pression de milieux d’opinion irresponsables –ce, dans un contexte de tension nationale et internationale, où, face au terrorisme, tout signal de faiblesse de l’Etat est déjà une défaite.

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