Empêtré dans son pas de clerc inaugural, tel une grive chassée à la glu, Me Dupont-Moretti, pour avoir, dès son arrivée à la Chancellerie, voulu régler les comptes personnels de l’avocat ennemi de ses juges qu’il était (et qu’il restera toujours au fond de lui-même : le diable qui se fait ermite ne peut longtemps tromper son monde…), se heurte chaque jour un peu plus au mur du conflit d’intérêt.
Mis en demeure –fait très inédit pour un ministre-, par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, de se justifier des mesures prises pour ne plus s’exposer à ce reproche, voilà maintenant qu’il tente d’éteindre l’incendie… en refilant la lance, avec la « patate » brûlante …au Premier ministre ! En faisant application d’un texte inusité, l’article 2-1 du décret n° 59-178 du 22 janvier 1959, qui permet à un ministre qui estime être en situation de conflit d’intérêt de saisir le Premier ministre pour que celui-ci exerce à sa place ses attributions relativement à cette situation, comme un garde des sceaux intérimaire, ponctuel et supplétif…
C’est donc l’aveu, de la part du garde des sceaux, qu’il était bien en situation de conflit d’intérêt dans l’« affaire des fadettes » –alors qu’il n’avait cessé de s’en défendre, alléguant, en particulier, qu’il avait… « retiré sa plainte », ce qui était, vraiment, prendre les gens pour des nigauds !
C’est, aussi, créer une situation institutionnelle singulière, qui vient s’ajouter au « délestage » affiché par le ministre de ses compétences vis-à-vis de ses services, avec l’instruction de ne pas lui rendre compte ni à son entourage des affaires traitées par son cabinet d’avocat : l’un dans l’autre, on a, officiellement, une construction quelque peu baroque, avec un ministre à compétence limitée, et, en somme, la juxtaposition de trois chancelleries différentes selon les dossiers…
Cela illustre, s’il en était besoin, l’aberration d’une telle nomination : en fait, Me Dupont-Moretti, de par son passé et ses propos, est un état de « conflit d’intérêt permanent », et, tous les « bricolages » de façade n’y changeront rien !
A cet égard, il ne viendrait jamais à l’idée d’un Président et d’un Premier ministre de nommer ministre des armées un antimilitariste forcené, qui aurait passé son temps à dénigrer l’institution militaire et tirer dans le dos de ceux qui la servent : c’est une question d’élémentaire bon sens –et, à défaut de ce dernier, ou, d'un minimum de respect pour les personnes, de simple sens politique-, car un tel personnage ne pourrait jamais avoir la moindre légitimité morale dans l’esprit et le cœur de ceux dont il aurait la charge, qui ne verraient en lui qu’un adversaire à combattre.
Or, par amateurisme, ou, volonté délibérer de provocation et d’humiliation à l’égard d’un corps dont on ne supporte pas l’indépendance, c’est, pourtant, le choix qui a été fait pour la Justice ! On en récoltera les fruits amers et l’on traînera le boulet de cette « boulette » tant qu’on ne se décidera pas à en tirer les seules conséquences qui s’imposent….