Affamé de présence médiatique, l’avocat qui se retrouve aujourd’hui ministre de la justice, veut maintenant, manifestement, « renvoyer l’ascenseur » à ceux qui lui avaient ouvert les portes de la notoriété, en faisant rentrer micros et caméras dans les audiences.
Mais, la justice n’est pas un spectacle, et, il faut refuser avec la dernière énergie une pareille intrusion qui ne pourrait que polluer et altérer la sérénité comme la sincérité du débat judiciaire : il est évident qu’il ne s’agit pour Me DUPOND-MORETTI, que de permettre à des histrions de gagner devant l’opinion publique les procès qu’ils ne seraient pas assurés de voir tourner à leur avantage devant leurs juges, en exerçant, à travers des postures largement diffusées et commentées, une formidable pression morale sur magistrats et jurés populaires –avatar moderne des « tricoteuses » et du public fanatisé qui, au Tribunal révolutionnaire, étaient là pour intimider le juge qui eût pris le risque d’aller contre leurs volontés…
Et quelle tribune pour des terroristes, truands de haut vol ou désaxés en tous genres, qui pourraient ainsi délivrer leur message « sans filtre », en jouant de tous les ressorts qui font les « bons clients » des médias !…
C’est déjà l’un des plus gros risques pour l’indépendance de la justice que la médiatisation outrancière des procès, avec la course au « scoop » et tous les dévoiements dont un dossier comme l’ «affaire Grégory » a donné une des plus caricaturales illustrations –avec des conséquences tragiques.
Aller plus loin que la loi actuelle –qui réserve sagement l’enregistrement et la diffusion aux cas qui le justifient par leur dimension historique et leur vocation pédagogique-, serait irresponsable.
Comme l’avait fort bien dit un maître du Barreau d’une autre époque –et d’une autre classe !-, Me Vincent de MORO-GIAFFERI : « L’opinion publique est parmi vous ? Chassez-là… cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche…».