M. Macron a donc demandé à Mme Belloubet de « se pencher » sur le « dossier Traoré » -jusqu’à toucher le sol ?... On peut se le demander, puisqu’elle n’a pas craint, pour déférer à cette injonction –qui, une fois de plus, après l’ingérence présidentielle dans le cours de la Justice avec l’« affaire Halimi », témoigne du mépris élyséen pour les dispositions constitutionnelles qui font du Président le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire-, d’avilir sa fonction jusqu’à solliciter une rencontre avec cette famille, au demeurant bien lestée de ses casiers judiciaires ; main tendue qui a été sèchement refusée : ce qui est, avec ce piteux camouflet, ajouter le ridicule à l’indignité. Le Président de la République, par garde des sceaux interposée, aura donc maintenant, lui aussi, sa Léonarda…
Si la ministre de la justice avait un mot à dire sur ce dossier, c’était pour démentir les mensonges, sophismes et calomnies que la défense de cette famille fait courir sur le dossier, en tronquant la vérité des faits sur le cours de la procédure, et, en essayant de gagner sur le terrain d’une certaine opinion publique, le procès qu’elle n’est, manifestement, pas assurée de gagner dans le prétoire… Lui donner un tel signe et une telle marque de considération, c’était un véritable « coup de poignard dans le dos » pour les magistrats qui instruisent le dossier.
Dans le même temps, et, sur ordre présidentiel, lui aussi, le ministre de l’intérieur s’emploie à donner des gages à ceux qui veulent désarmer la Police et lui intentent un procès en racisme : c’est mettre le doigt dans un engrenage de soumission à des groupes de pression animés par la seule haine de la France et de sa République –au risque, avec ce lâchage, de démoraliser et de démobiliser encore plus des forces de l’ordre déjà en butte à de multiples difficultés, dans un environnement hostile.
Magistrats, policiers et gendarmes auront donc bien compris le message : ils ne peuvent compter sur leurs ministres pour défendre leurs fonctions.