Le tragique attentat au couteau commis à Londres par un islamiste libéré sous bracelet électronique vient démontrer, s’il le fallait encore, la dangereuse illusion cultivée par le Gouvernement et sa majorité qui les a conduits, avec la loi de programmation pour la justice 2018-2022, à vouloir, dans leur phobie anti-carcérale, le développement massif de cette mesure, tant à titre provisoire (assignation à résidence sous surveillance électronique) que comme modalité d’aménagement ab initio ou de libération supposée « sous contrainte » (détention à domicile sous surveillance électronique).
Si, en effet, elle peut avoir sa place dans la « panoplie » du juge, pour les cas où elle est peut apparaître bien adaptée, son extension inconsidérée va tout à fait à l’encontre des nécessités et enjeux d’une politique de sécurité publique bien comprise.
Outre, en effet, qu’il est très naïf d’y voir un substitut à l’emprisonnement, et, qu’elle requiert à tout le moins, pour avoir un minimum de crédibilité et d’efficacité, des moyens considérables –dont on a toutes raisons de douter, en l’état, qu’ils puissent être réunis-, pour un suivi effectif et une capacité de réaction suffisamment rapide des forces de l’ordre, en cas d’incident, afin d’arrêter l’individu et de l’empêcher de commettre de nouvelles infractions, il est bien évident qu’elle laisse à celui qui en fait l’objet une très grande latitude, tant pour communiquer avec d’autres malfaiteurs que pour préparer la soustraction à ses obligations et des mauvais coups –en misant, le cas échéant, sur le temps de latence de la réponse policière et judiciaire.
S’agissant, plus spécialement, de personnes pouvant être soupçonnées de radicalisation –dont la duplicité est même, on le sait, prônée par leur religion pour mieux abuser l’adversaire-, la prise de risque est inacceptable, dans le contexte actuel de la guerre menée par le terroriste islamique ; et, par conséquent, la loi elle-même devrait, pour éviter que les magistrats soient en butte aux pressions et manipulations de toutes sortes, en ôter la possibilité même aux intéressés.
Il semble que l’opinion et les autorités britanniques, devant le drame qu’elles viennent de vivre, en prennent conscience : faudra-t-il, en France, attendre que pareil drame se produise pour que les pouvoirs publics en fassent autant ?