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ETAT D’URGENCE… GOUVERNEMENTAL ou QUAND L’AUTOAMNISTIE EST (UNE FOIS DE PLUS) EN MARCHE…

On l’attendait, elle se dessine, la loi d’autoamnistie des gouvernants actuels et des décideurs publics qui leur sont associés.

A partir d’une initiative plus que discutable du Président de la commission des lois du Sénat –alors que la « loi Fauchon » avait, déjà, très largement permis aux élus locaux d’échapper aux conséquences de leurs fautes (45 condamnations, seulement, en une quinzaine d’années, pour plus de 35 000 maires : ce qui rend dérisoires les sempiternels cris d’orfraie, dans la classe politique, contre la « menace judiciaire » qui pèserait sur les intéressés…), et, qu’on ne voit pas en quoi la situation actuelle devrait permettre, en somme, aux intéressés de revendiquer le droit à n’être pas à la hauteur de leurs fonctions, quand on n’a jamais autant besoin qu’ils le soient que dans les circonstances difficiles…-, on voit la majorité saisir, sans désemparer, la balle au bond –si imprudemment ou complaisamment lancée-, pour envisager une extension à tous ceux qui auraient exercé des responsabilités dans la gestion de la crise sanitaire…

Si grosse que soit la « ficelle », tout donne à craindre que, confrontée à la dénonciation de plus en plus appuyée des carences et errances des autorités, avec une vague de mises en cause devant la Cour de justice de la République, compétente pour juger les ministres, le Gouvernement et sa majorité ont décrété l’état d’urgence… pour eux-mêmes et tous ceux qui ont participé à la prise des décisions, et, sont prêts, comme leurs prédécesseurs sous la présidence Mitterrand, au début des années 1990, à voter une loi pour s’exonérer (on n’est jamais si bien servi que par soi-même, surtout quand on a un « Parlement-croupion » à sa main, et, des adversaires qui vous tendent une telle perche…), et, interdire à la Justice de s’interroger sur leurs éventuels manquements.

Ils devraient pourtant se souvenir que ce précédent, avec le sursaut de dégoût qu’il avait provoqué dans l’opinion et chez les magistrats devant un tel cynisme, s’était, au final, révélé passablement contre-productif : des magistrats courageux et tenaces, comme le regretté Thierry Jeanpierre, n’avaient pas baissé les bras, et, la sanction électorale qui s’en était suivie n’en avait été que plus cuisante…

Alors que, depuis bientôt deux mois, sous un trop facile et passe-partout prétexte sanitaire, sont foulées aux pieds des exigences fondamentales de l’Etat de droit, et, que la Justice, jugée non essentielle à la vie du pays (et, peut-être… gênante ?), a été mise en demi-sommeil, un tel « blanchiment » des responsables serait un scandale démocratique de plus, accréditant le sentiment, dans notre peuple, de l’impunité d’une « élite » dirigeante, affranchie de la loi commune, au mépris de l’égalité républicaine.

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