Sous l’implacable contrainte des faits, le garde des sceaux vient d’annoncer, à la suite de son Premier ministre, le (seulement futur...) lancement d’un vaste programme de construction d’établissements pénitentiaires.
S’il y a « plus de joie dans le Ciel pour un pêcheur qui se repend que pour cent justes qui persévèrent », on doit tout de même rappeler avec quelle constance et quel acharnement le milieu politique et idéologique dont M. URVOAS est le pur produit et auquel il doit sa carrière n’a cessé, depuis un demi-siècle au bas mot, de se montrer hostile à ce type de promotion immobilière… : d’un Robert BADINTER qui se faisait gloire de n’être jamais « le Vauban de la Pénitentiaire » (en abandonnant le plan de construction de 12 000 places préparé par son prédécesseur Alain PEYREFITTE, et, en faisant libérer environ 10 000 détenus en quelques mois –rapidement revenus s’entasser dans les conditions infectes qui découlaient de ce choix initial -assis sur une posture qui se voulait « humaniste » !-, de refuser d’accroître les capacités d’accueil d’une administration déjà engorgée…), à Christiane TAUBIRA (avec ses obsessions anti-pénales et anti-carcérales que l’actuel Président n’a cessé de cautionner…), en passant par l’improbable Pierre ARPAILLANGE (qui inaugura son pitoyable passage place Vendôme en diminuant d’environ 2 000 places le plan de construction lancé et réalisé dans des délais records –contre la mobilisation furieuse de toute la gauche intellectuelle et militante-, par son prédécesseur Albin CHALANDON).
Ce même milieu qui a déjà commencé, à coups d’imprécations et de sophismes (jusqu’aux plus niais, du type « il ne faut pas construire des prisons, car, alors on va les remplir »…), le tir de barrage contre cette perspective de voir la France rattraper son retard et être enfin dotée d’un outil pénitentiaire comparable à celui des pays étrangers avec lesquels elle peut se mesurer : à cet égard, il faudra plus au Gouvernement pour convaincre sa majorité, que le prétexte trop facile et consensuel de permettre par là un emprisonnement individuel régulièrement voté et non moins régulièrement différé faute des moyens de l’assurer…
On ne peut, pour autant, manquer de s’interroger sur le degré de sincérité, chez l’actuel ministre de la justice, d’une telle rupture avec le discours de ses prédécesseurs et d’un tel reniement des « Tables de la Loi » de ce qui a été, jusqu’ici, la doctrine du parti qui gouverne le pays -car on est encore dans l’exercice de communication et on attend la concrétisation d’un engagement qui, s’il fait heureusement écho, dans le contexte présent, à l’angoisse sécuritaire de nos concitoyens, peut, à quelques mois d’échéances électorales décisives (alors que, somme toute, il ne coûte pas cher à afficher…), être suspect d’arrière-pensées…