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« QUI SE SENT MORVEUX, IL SE MOUCHE »…

Suite à la remise du rapport du groupe de travail relatif à la protection des magistrats, l’A.P.M. s’indigne des réactions de certaines autorités du Barreau devant un document pourtant bien timide et prudent dans la dénonciation des comportements inadmissibles de certains avocats à l’égard des magistrats.

Il est de fait, à cet égard, que l’époque a vu se multiplier les dévoiements de la part de certains défenseurs : manœuvres de véritable sabotage procédural, tentatives d’intimidation personnelle, pressions de toutes sortes confinant à des menaces etc. etc.

Ce ne sont plus seulement dans des affaires à forte dimension politique –comme on a pu le voir à certains moments de notre histoire, et, notamment, dans des affaires de terrorisme-, que les droits de la défense servent de paravent trop facile à des attitudes et propos susceptibles de trahir une identification de certains conseils à la cause de leurs clients, mais, aujourd’hui, dans des affaires de droit commun où sont en jeu de gros intérêts financiers -dont l’action de la justice a sans doute le tort de perturber le cours paisible…

Ces cris d’orfraie montrent, s’il en était besoin, que le rapport a visé juste et touché là où cela fait mal… : la sagesse populaire dit depuis longtemps « qui se sent morveux, il se mouche »

Cette auto-défense abusive des membres du barreau ne doit donc pas faire reculer les pouvoirs publics et les autorités hiérarchiques de la magistrature.

A cet égard, quant aux propositions du rapport –endossées par le garde des sceaux-, on peut les juger bien timorées par rapport à l’enjeu : en particulier, il faudra plus qu’un « dialogue régulier avec les instances représentatives des avocats  afin d’évaluer les comportements susceptibles de caractériser des manquements aux principes éthiques » (proposition n° 10), pour combattre ces errements ! Alors qu’il est, en particulier, de la compétence et de la responsabilité des parquets, non de « dialoguer » au sujet de tels manquements, mais, d’engager sans faiblesse et sans retard les poursuites disciplinaires et/ou pénales qui s’imposent. Force est de constater que trop souvent, ils restent en fait impunis, par réticence à braver de puissants lobbys, et, absence de soutien de la part de la Chancellerie…

Il faut donc fermement rappeler à ces « auxiliaires de justice » qu’ils bénéficient, de la part de l’Etat, d’une protection et d’un monopole à peu près sans égal (sans même parler de la manne financière qu’il reçoivent de lui, s’ajoutant aux profits qu’il leur permet de faire avec l’argent de leurs clients à travers l'avantageux système des CARPA…), qui sont l’assise même de leur statut moral et matériel, sans lesquels ils ne seraient que des prestataires de services soumis à la loi du marché : en contrepartie, ce n’est pas trop d’exiger d’eux un minimum de respect et de loyauté envers ceux qu’ils sont censés assister dans l’œuvre de rendre la justice, et, en fait de « principes éthiques », le premier d’entre eux est bien de cerner le rôle juridique du défenseur sans basculer dans celui du complice objectif.

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