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« URGENCE CLIMATIQUE » ou… DEONTOLOGIQUE ?!

A la fin des années 1970, le nommé Jacques Bidalou, juge d’instance à Hayange, avait accoutumé de rendre des jugements extravagants, dans un esprit qu’on pourrait qualifier de « situationniste », qui mêlait outrance et dérision dans le détournement des principes juridiques pour des finalités idéologiques ; lorsqu’il lui vint, entre autres fantaisies, l’idée de citer le Premier ministre de l’époque pour qu’il s’expliquât sur sa politique économique et sociale, dans un contentieux relatif à un chômeur, une procédure disciplinaire fut engagée pour violation de la séparation des pouvoirs, entre autres griefs déontologiques qui surabondaient, aboutissant à sa révocation. Réintégré –fort imprudemment-, par la Gauche au pouvoir, et, malgré une affectation dans un parquet censé l’encadrer mais qui donna bien de la tablature à son chef, il persista dans la provocation militante et l’abus de pouvoir, et, fut, finalement, révoqué une seconde et dernière fois.

Il est peut-être flatteur, pour l’ego, de se vouloir la réincarnation du « bon juge Magnaud de Château-Thierry (qui, lui, n’avait pas la prétention de sauver l’humanité, mais, simplement, de ne pas accabler une malheureuse qui mourait de faim avec son enfant -et dont on oublie, en général,, quand on évoque sa mémoire, de rappeler qu’il tenta de profiter de la popularité ainsi acquise pour faire carrière en politique…), ou, de faire figure, aux yeux des dévots de l’ « Eglise de climatologie », de «petite  Greta » des prétoires…

Mais, exercées « au nom du peuple français », les fonctions de justice ne sont pas des tribunes partisanes dont les titulaires pourraient se livrer à toutes les torsions de la règle de droit et au dévoiement des procédures pour afficher ouvertement leur militantisme et faire servir leurs décisions à des combats étrangers aux causes qui leur sont soumises.

C’est là une essentielle question de légitimité pour le magistrat, autorité non élective dont la plus ferme assise est la confiance que les citoyens peuvent avoir dans son impartialité. Tout comportement qui peut altérer cette confiance est ravageur –a fortiori à une époque où le moindre débordement peut se voir considérablement amplifié par les médias et réseaux sociaux.

Ainsi, en s’en tenant au seul terrain du commentaire juridique, prétendre se fonder sur l’ « état de nécessité » -lequel suppose une pression majeure imposée par les circonstances sur la volonté individuelle, telle qu’elle est pratiquement irrésistible et insurmontable-, pour exonérer des personnes poursuivies pour un vol de bien public commis en réunion, au motif que l’ « urgence climatique » et le salut de la planète, face à l’incurie alléguée des pouvoirs publics, ne leur laissaient, en somme, pas d’autre choix pour faire prendre conscience de leurs responsabilités à ces derniers, bafoue la loi pénale –qui, si, par aventure, une dispense de peine se justifiait, offrait toutes les possibilités pour le faire dans des conditions formellement correctes et sans cette phraséologie aussi idéologique qu’emphatique, dans sa prétention eschatologique… C’est pousser jusqu’à la caricature la philosophie du Syndicat de la magistrature qu’exprimait sa formule emblématique : « juger est un acte politique ».

Il est vrai que l’exemple vient de haut : quand un Conseil constitutionnel s’autorise du pouvoir à peu près absolu que la complaisance ou la naïveté des pouvoirs publics lui ont consenti, au fil d’abdications successives, à inventer un principe fondamental de « fraternité » pour faire échapper aux rigueurs de la loi ceux qui l’ont délibérément violée pour faciliter des entrées et maintiens irréguliers sur le territoire français, ouvrant ainsi la porte à toutes les revendications et dérives sur ce fondement, il ne peut qu’encourager les juridictions à faire preuve de la même « créativité » militante, au gré de l’opportunité de la cause…

Comment, dès lors, s’étonner que, face à des juges qui se comportent en politiques –seraient-ils très marginaux au sein du corps-, il se trouve des politiques pour traiter leurs juges, d’éructations en gesticulations, comme des adversaires politiques ?!...

S’il y a bien une « urgence », donc, dans le corps judiciaire, elle est moins « climatique » que déontologique.

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