En attendant le « Grenelle » annoncé par une sous-ministre -qui piétine, une fois de plus, allègrement les plates-bandes de sa collègue à la Justice sans que cette dernière semble s’en émouvoir-, les surenchères dans la plus crasse inculture juridique et linguistique vont bon train ; avec, entre autres, une forte pression de pétionnaires en folie pour introduire dans le code pénal un crime spécifique de « féminicide », censé viser les homicides de femmes dans le cadre du couple (faut-il rappeler qu’un « homicide », en bon droit et en bon français, ce n’est pas la mort donnée à être humain mâle, mais à un être humain quels que soient son sexe ou ses autres caractéristiques ?).
Si la lutte contre les homicides, quels qu’ils soient (et dont, au demeurant, le niveau, en France, est bien inférieur à ce qu’il est dans de nombreux pays), et, notamment, ceux commis dans le cadre de l’entourage (fait sociologique élémentaire, en dehors de tout contexte culturel, qui est, malheureusement, dans la nature des choses et des gens : car, c’est, souvent, un lieu de tensions et de frustrations –où les responsabilités sont loin d’être univoques-, propice à l’explosion de la violence), est une noble cause qui doit mobiliser les énergies, ce n’est pas avec de tels artifices de pure communication ni avec l’instrumentalisation du droit qu’elle passe.
Ce terme de "féminicides", qu'ignorance, grégarisme et idéologie féministe dévoyée semblent avoir maintenant imposé dans le débat public sans le moindre discernement, au mépris de l'étymologie (ou, alors, de son détournement délibéré) est, en effet, parfaitement inadéquat, et, le Parlement se ridiculiserait en l’entérinant : car, s'il fallait vraiment un terme pour désigner spécifiquement les homicides "conjugaux", ce serait, côté conjointes victimes, "uxoricides", et, côté conjoints victimes (car, n'en déplaise à certaines forcenées, les violences dans le couple sont aussi le fait de l'élément féminin -la centrale de Rennes est pleine de condamnées qui n'ont pas eu la chance d'une dame Sauvage de pouvoir manipuler les médias et un ex-président de la République à qui, sans doute, une Léonarda n’avait pas suffi pour abaisser sa fonction...), "maritocides" (plutôt que "viricides", plus ambivalent). Mais, si l'on doit y aller par-là, toutes les nuances de l’arc-en-ciel des genres vont réclamer aussi leur « cide » en hurlant à la « discrimination » (jusqu’au « non-binairocide » ?) ; et, pourquoi, dès lors, s’arrêter au sexe : pour quand les "juvénocides" et les "vétérocides", les "judéocides" et "arabicides", les "candidocides" et "négrocides", etc. etc. -en attendant, dans l’escalade du « droit au cide », au premier fait divers venu, les "plombierzinguoricides" ?!
Mais, au-delà de la sémantique, avec cette reductio ad sexum, ce n'est pas seulement à la langue que l'on fait ainsi violence, c‘est aussi au droit, et, aux valeurs fondamentales dont celui-ci est porteur : c’est, en effet, introduire une hiérarchie entre les vies (une femme vaudrait-elle, désormais, plus qu’un homme ? et, une femme victime au sein d’un couple que victime dans un autre cadre ?!...) ; en capitulant devant les groupes de pression identitaires et en perdant ainsi le sens de l'universalité (car homme ou femme victime, ce n'est pas un sexe que l'on tue, mais, avant tout un être humain ! et c'est la valeur de la vie en tant que telle que le droit protège en sanctionnant celui qui y porte atteinte), on s'enfoncerait encore plus dans cette logique différentialiste, qui est la négation des valeurs fondatrices du lien social dans notre République.
Il y a 50 ans, on marchait sur la lune : aujourd’hui, on marche… sur la tête !