Le ministre de la Justice vient de faire des annonces fracassantes sur CNews, qu’il veut significatives d’un « nouveau paradigme » dans la réponse à la délinquance.
Certes, ce sont là des propositions qui s’inscrivent dans une rupture radicale avec toute la philosophie pénale du Président Macron et des gardes des sceaux qu’il a nommés, encadrés et soutenus depuis 2017, de Mme Belloubet, clone terne de Mme Taubira, qui a, notamment, mis en œuvre la volonté présidentielle de suppression des courtes peines, à M. Dupond-Moretti, l’avocat applaudi dans les prisons, qui a, entre autres, surenchéri sur l’érosion des peines, tous promoteurs, à la suite de R. Badinter, de la philosophie pénale issue de la « défense sociale », avec ses conceptions ruineuses pour la crédibilité et l’efficacité du système pénal, responsables au premier chef du désarmement de l’Etat face à l’explosion de la délinquance à l’époque contemporaine.
Et c’est bien pourquoi, il est difficile de voir là autre chose qu’un exercice de communication politique, au service d’une stratégie personnelle :
- Même si M. Macron est un virtuose du « en même temps » et des discours contradictoires, il y a quand même des limites aux acrobaties sémantiques et qui peut croire qu’il ait, brusquement, trouvé son « chemin de Damas » et se soit converti à des conceptions qu’il repoussait ?...
- Comment imaginer que l’actuel garde des sceaux puisse faire adopter un tel plan, alors que le Gouvernement dont il est membre ne dispose pas de majorité cohérente, et que sa composante essentielle est celle-là même qui a soutenu ses prédécesseurs en marche… dans le sens inverse, dans la ligne de sa sensibilité « progressiste » ? Et, de plus fort, alors que ce Gouvernement a choisi de mettre la Constitution entre parenthèses, en se privant, de manière irresponsable, des moyens d’imposer ses vues à ce qui peut lui tenir lieu de majorité...
- Si, par impossible, ces orientations émergeaient sans être par trop dénaturées du débat parlementaire, comment pourraient-elles ne pas être déchiquetées par un Conseil constitutionnel qui, avec constance, s’est appliqué à imposer un paradigme pénal aux antipodes ? Si tant est que le juge européen, tout imprégné du même modèle, ne vienne pas, par derrière, achever le travail…
Aussi, pour réconfortant qu’il soit de voir que le lyssenkisme pénal -cette imposture théorique et cet échec pratique-,, qui, depuis près d’un demi-siècle au moins, à de rares sursauts près, a été la doxa dominante, puisse être renié de façon aussi spectaculaire, on ne peut guère nourrir d’illusions sur la possibilité effective que ces intentions se traduisent concrètement dans la législation.
Et l’on peut douter que le ministre soit lui-même dupe à cet égard…


