L’actuel ministre de la justice a été copieusement hué, ce jour, lors de la manifestation policière devant le Palais-Bourbon.
C’est là l’inévitable sanction d’une image identifiée de longue date à la cause des criminels, fruit de tout un parcours et de postures dont on comprend qu’ils soient insupportables pour ceux qui, eux, se battent pour la cause du respect des lois et du maintien de l’ordre public, au péril de leur vie, dans des conditions matérielles souvent indignes, et, qui sont exposés à l’agressivité d’une partie de la population, aux yeux de qui ils font même parfois aujourd’hui figure d’ennemis, dans la guerre civile larvée qui est menée à notre pays et à son Etat sur une partie de notre territoire.
Avec lui, et, bien entendu, au-delà de sa contingente personne, c’est l’institution judiciaire qui a été prise comme bous émissaire des incompréhensions et frustrations des manifestants.
A cet égard, en se pavanant au milieu d’eux, le ministre de l’intérieur, au mépris de la dignité de sa fonction et de la plus élémentaire solidarité gouvernementale, est venu accréditer les procès faits à la Justice, jetant de l’huile sur le feu et contribuant ainsi, de manière irresponsable, à la dégradation des relations entre des institutions qui sont des piliers essentiels de la République et doivent œuvrer ensemble dans la plus étroite complémentarité.
Certes, de la harangue d’Oswald Baudot (« soyez pour le voleur contre la police »…) au « mur des cons », des magistrats, dans un militantisme soixante-huitard dévoyé, ont puissamment et durablement altéré l’image du corps judiciaire auprès de ces auxiliaires de la loi pénale.
Certes, l’évolution contemporaine du droit répressif, sous la pression de l’idéologie anti-pénale et anti-carcérale, dans le sens de l’évanescence des peines et de la multiplication des embûches procédurales, n’a pu manquer de démobiliser et démoraliser ceux qui sont les premiers acteurs de la répression sur le terrain. C’est là une lourde responsabilité des gouvernants, de toutes couleurs –et, présentement, d’un gouvernement qui, pendant que se déroulait la manifestation de ce jour est en train de faire voter un texte qui, à côté de quelques « gadgets » rajoutés en catastrophe pour essayer de calmer la colère, va… amplifier l’incertitude des peines (avec l’augmentation d’1/5 des réductions, et, la libération automatique anticipée pour les peines jusqu’à deux ans…), et, compliquer encore pus le travail des enquêteurs (délais imposés, contradictoire introduit, surprotection des confrères de Me Dupont-Moretti etc.) : on n’est pas plus cynique et hypocrite !
Mais, nos amis policiers doivent comprendre que toute la magistrature –très loin de là-, n’est pas dans cet état d’esprit, et, que nombre de ses membres partagent les mêmes attentes : celle du rétablissement de la confiance entre les partenaires d’une même mission au service de la sécurité publique ; celle d’une révolution, juridique et matérielle, dans les outils de travail à cette fin.
Oui, la procédure pénale doit être débarrassée de toutes les entraves à son efficacité qui l’ont ankylosée au fil du temps.
Oui, le divorce entre peines encourues, peines prononcées et peines exécutées doit être massivement réduit.
Oui, les agressions, de toute nature, envers les dépositaires de l’autorité publique doivent être implacablement poursuivies et réprimées, avec, notamment, de vraies peines planchers, une perpétuité réelle, et, une procédure de flagrance en matière criminelle.
Oui, Police et Justice peuvent et doivent mener le même combat : c’est une exigence de salut public !