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Me Dupond-Moretti avait, cette semaine, convié la presse pour un grand exercice d’autosatisfaction annoncée, avec la présentation de son budget pour 2021, se gargarisant de ce « + 8% » d’augmentation qu’il claironne en toutes occasions –mais qui ne doit pourtant pas faire illusion : d’abord, quand on part de très bas, il en faut peu pour faire impression… Et, au demeurant, une bonne partie de ces crédits supplémentaires étaient, en fait… déjà programmés antérieurement –ce qui relativise singulièrement la véritable progression ! Mais, à y regarder de plus près –et, comme il est habituel dans ce ministère-, c’est l’administration pénitentiaire (et c’est tant mieux pour elle), et, non la Justice proprement dite, qui se taille la part du lion, tant en recrutements qu’en investissements. On annonce à son de trompe (« trompe », c’est bien le mot qui s’impose…) que l’on va recruter « immédiatement » près d’un millier d’agents, dont plus de 700 collaborateurs de magistrats, dans un cadre contractuel : c’est-à-dire, de gens sans aucune expérience, à qui il va falloir apprendre leur métier : ce qui va prendre de long mois et mobiliser les magistrats à cette tâche au détriment de leur travail –et le ministre, sans rire, à l’intention des gobe-lune, d’affirmer que cela va permettre aux juges… de rendre deux fois plus de jugements !

Suite à la révélation d’une enquête préliminaire conduite pendant une demi-douzaine d’années par le Parquet national financier au sujet d’une « fuite » soupçonnée dans un dossier concernant M. Sarkozy et certaines personnes autour de lui (dont un avocat et un magistrat), quelques « ténors » du Barreau, qui avaient été mis sous surveillance (on avait, manifestement, des raisons de penser que cette « fuite » venait de milieux judiciaires et pouvait résulter de collusions entre certains avocats et certains magistrats), avaient engagé des procédures -s’estimant sans doute au-dessus des lois (et, détail savoureux, c’était les mêmes qui sont prompts, à l’occasion, à hurler à la mort quand leurs clients sont victimes de violations du secret de l’enquête et de l’instruction, réclamant alors à cor et à cris investigations et sanctions, et, se plaignant à l’envi qu’il n’y aurait « jamais aucune suite »…). Parmi ces plaignants, se trouvait alors Me Éric Dupond-Moretti ; qui, nommé ministre de la justice s’est désisté de son action pour sauver un minimum les apparences dans l’évident conflit d’intérêt….

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