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M. Macron a donc demandé à Mme Belloubet de « se pencher » sur le « dossier Traoré » -jusqu’à toucher le sol ?... On peut se le demander, puisqu’elle n’a pas craint, pour déférer à cette injonction –qui, une fois de plus, après l’ingérence présidentielle dans le cours de la Justice avec l’« affaire Halimi », témoigne du mépris élyséen pour les dispositions constitutionnelles qui font du Président le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire-, d’avilir sa fonction jusqu’à solliciter une rencontre avec cette famille, au demeurant bien lestée de ses casiers judiciaires ; main tendue qui a été sèchement refusée : ce qui est, avec ce piteux camouflet, ajouter le ridicule à l’indignité. Le Président de la République, par garde des sceaux interposée, aura donc maintenant, lui aussi, sa Léonarda…

Un triste fait divers aux U.S.A., sur lequel il appartiendra à la justice de ce pays de se prononcer (si elle en est encore capable dans le climat d’hystérie collective qu’il a pu susciter…), est le prétexte, dans le reste du monde, et, en particulier, chez nous, d’un déchaînement de haine à l’égard des forces de l’ordre, et, au-delà, d’une libération sans vergogne de la parole la plus authentiquement raciste envers « les blancs » -sommés de s’agenouiller (avant de recevoir le coup de grâce ?...), pour faire leur repentance des crimes sans nom qu’ils sont censés avoir commis….

                L’éviction de Mme Belloubet de la Chancellerie sanctionne, à juste titre, un parcours dont on ne retiendra que la honteuse mise en sommeil de la justice sous prétexte de la crise sanitaire –comme si elle ne faisait pas partie des services publics essentiels qui devaient continuer à fonctionner, coûte que coûte : considérable effondrement symbolique, et, perturbation majeure, qui va longtemps hypothéquer le fonctionnement d’une institution déjà confrontée à un dramatique manque de moyens, au détriment des justiciables ; on a pu, à cette occasion, mesurer la dérisoire boursoufflure verbale d’un discours officiel, qui s’est fracassé sur la réalité tangible des carences matérielles –notamment, informatiques-, de services en déshérence…

                On en retiendra, aussi, la constance dans les errements d’une politique pénale dans le droit fil de celle qu’incarnait Mme Taubira ; qui a trouvé son accomplissement avec la plus importante libération de détenus depuis 1981, sous le prétexte totalement artificiel de la crise sanitaire (alors que ce n’est pas la surpopulation carcérale, par elle-même, qui créait le danger épidémique, mais, l’éventuelle introduction du virus en prison –laquelle ne s’est pas produite…).

                Son remplacement, aux allures de « gadget » médiatique destiné à « faire le buzz », par un avocat affamé de notoriété, qui a, si souvent, témoigné de son hostilité au corps judiciaire –sans répugner, à l’occasion, à la grossièreté dans l’expression-, apparaît comme une véritable provocation ; c’est aussi, prendre le risque d’exposer gravement le crédit de la justice : comment croire à la moindre distanciation possible, dans l’exercice de ses compétences ministérielles, de la part de quelqu’un d’aussi marqué, par rapport à sa culture de ténor du barreau, comme par rapport aux dossiers de ses propres clients ?! C’est une lourde erreur d’appréciation que, sans nul doute, le Président de la République et son Premier Ministre ne vont pas tarder à regretter –et, en tout cas, un mauvais coup pour l’autorité judiciaire.    

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