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              Empêtré dans son pas de clerc inaugural, tel une grive chassée à la glu, Me Dupont-Moretti, pour avoir, dès son arrivée à la Chancellerie, voulu régler les comptes personnels de l’avocat ennemi de ses juges qu’il était (et qu’il restera toujours au fond de lui-même : le diable qui se fait ermite ne peut longtemps tromper son monde…), se heurte chaque jour un peu plus au mur du conflit d’intérêt.

Comme si l’activisme de la cour européenne dite des droits de l’homme pour entraver, chaque fois un peu plus, les pouvoirs de la police et de la justice dans leurs missions répressives, ne suffisait pas, c’est, très récemment, la Cour de justice de l’Union européenne qui vient de jouer sa partition, par une décision fleuve de 85 pages de jargon eurocratique ligneux à souhait –au point de dérouter les commentateurs les plus avertis qui suent sang et eau pour ne pas s’envaser dans les méandres tortueux de ses raisonnements… Et, notre ministre de la justice, qu’on a connu plus bavard, de se retrancher derrière l’analyse par ses services…

C’est passé presqu’inaperçu dans une actualité bien chargée : la ministre de la fonction publique a donné une interview au Monde, où, dans la droite ligne du « rapport Thiriez » (que nous avions déchiqueté en son temps comme il le méritait : Cf. les tribunes « La fonctionnarisation est en marche », et, « Entres autres l’ENA, et ‘en même temps’…l’ENM » ?), elle assimile, dans le fourre-tout de la « haute fonction publique », « ENA, directeurs d’hôpital, administrateurs territoriaux, commissaires, magistrats, attachés d’administration » (on notera, dans ce qui apparaît d’évidence, être là, pour elle, un ordre hiérarchique décroissant, la place qu’elle réserve à la magistrature !) ; en affirmant son intention, « dès 2021 », au moins à titre « expérimental », de créer, pour l’accès à ces corps de « hauts fonctionnaires » (sic), une nouvelle voie « pour les candidats issus des milieux modestes » -mais, attentions, a-t-elle l’humour ou les cynisme, de dire, « il ne s’agit pas de discrimination positive », et, on ne reprend pas tout le « rapport Thiriez » (la preuve ? L’ENA ne devrait pas changer de nom, et, le classement de sortie sera maintenu : voilà des corps qui, eux, savent se défendre et bloquer les lubies du moment…) : on pense au célèbre tableau de Magritte, représentant une superbe bouffarde « Ceci n’est pas une pipe »… Motif : le manque de « diversité sociale » dans ce que M. Macron juge être des « castes » -et, de citer… la proportion de fils d’ouvriers à l’ENA !

On s’y attendait, évidemment, trop instruits par l’expérience pour nourrir encore la moindre illusion : le Conseil Constitutionnel est donc au rendez-vous ! Avec sa décision du 2 octobre dernier sur une question prioritaire de constitutionnalité très imprudemment transmise par la Cour de Cassation ; dont il résulte que l’essentiel du droit de la détention provisoire serait inconstitutionnel et devrait être réécrit d’ici le 1er mars 2021, pour permettre à tout détenu estimant que ses conditions de détention portent atteinte à sa dignité, d’exercer un recours pour faire immédiatement cesser cette situation, ceux existant à l’heure actuelle étant jugés insuffisants, faute d’avoir expressément prévu ce motif…

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